Il faut savoir…retirer une réforme ! (mercredi 29 janvier 2020)

Tract de la CNT pour la manifestation du mercredi 29 janvier 2020

Le texte

C’est comme une rengaine : Il faut savoir terminer une grève, reprise depuis quelques jours par le gouvernement et ses valets.

Mais que demandent les travailleurs et les travailleuses qui font vivre le mouvement social contre le projet de réforme des retraites entamé le 5 décembre 2019 ? Le retrait du projet !

Les fossoyeurs de notre système de protection sociale solidaire, dont Edouard Philippe et Emmanuel Macron, sont passés maîtres dans cette pratique de l’enfumage au sujet du système “universel” de retraite. En novembre 2019, pour justifier la casse du régime actuel, on nous annonçait entre 8 et 17 milliards d’euros de déficit des caisses de retraite en 2025. Cette approximation de 9 milliards prouvait déjà le manque de sérieux d’un tel argument. Surtout, alors que la Constitution prévoit que toute réforme fasse l’objet d’une étude d’impact, celle du projet Delevoye s’est fait attendre. C’est à quelques jours seulement de la présentation du projet de loi en conseil des ministres (le 24 janvier 2020) que le gouvernement s’est mis à communiquer sur les chiffres. Curieux silence. serait-ce parce que la population continue de soutenir le mouvement social ?!

Le gouvernement a voulu faire diversion en annonçant le retrait provisoire de l’âge pivot, auquel seule adhère la direction de la CFDT. L’âge pivot aura un rôle capital, pouvait-on lire dans « LeMonde » le 21 janvier 2020 (qui annonçait le même jour qu’Emmanuel Macron envisageait une nouvelle baisse de la fiscalité des entreprises). Et pour cause : l’instauration d’un âge pivot également appelé âge d’équilibre – fixé, pour le moment, à 64 ans a bien pour objectif de nous faire bosser plus longtemps !

En dessous de ce seuil, la pension serait minorée ; au-delà, elle serait majorée. Ce système de bonus-malus sur la valeur du point de retraite est synonyme de double peine pour les travailleurs et travailleuses : un départ «anticipé» signifiant moins de points de retraite accumulés, et une valeur du point moins importante.

Pas de panique, nous dit-on : toute personne qui travaillera jusqu’à 67 ans serait gagnante avec le nouveau système ! Mais si nous sommes censés vivre plus longtemps, l’espérance de vie en bonne santé est de 62,5 ans pour les hommes et de 64,7 ans pour les femmes (chiffres Insee, septembre 2019).

Et alors que les jeunes accèdent à l’emploi de plus en plus tard, lorsqu’ils y accèdent, un tiers des seniors sont déjà privés d’emploi au moment où ils liquident leur retraite. Enfin, l’abaissement des pensions programmé par cette «réforme» forcera un glissement vers des retraites par capitalisation, vers une logique d’épargne individuelle soumise aux chantages de la finance.

Au-delà de cette nouvelle attaque, c’est contre l’idéologie clairement affichée par ce projet que nous nous battons. La société que nous voulons construire, en rupture avec le capitalisme, est celle de l’action collective, de l’égalité et de la solidarité.

Notre mobilisation continue aujourd’hui.

L’arme des travailleuses et travailleurs, c’est la grève et le blocage de l’économie. C’est le seul langage que comprennent le gouvernement et le patronat.

La CNT appelle à poursuivre et amplifier la mobilisation, partout où il le faudra, comme il le faudra, tant qu’il le faudra !

Dans l’immédiat, la CNT revendique le retrait de la réforme Delevoye. Et, pour la suite, nous exigeons : - une retraite à taux plein pour toutes et tous à 55 ans - l’égalité des pensions et leur augmentation - la réappropriation et l’autogestion des caisses de sécurité sociale par les salariées et salariés eux-mêmes